CHOISIT ON SA VIE ?
*Qu'ils soient médiums ou soignants, qu'ils aient vécu une EMI, qu'ils se souviennent de leur vie "antérieure", certains témoins racontent que nous ne serions pas incarnés par hasard. Rencontre avec ces personnes singulières qui parlent du choix de la vie.
Nous nous sommes tous posé la question à un moment de notre vie : pourquoi suis-je ici, la
vie est parfois si compliquée, qu’ai-je fait pour mériter cela, suis-je responsable de ce qui m’arrive, etc. Il semblerait qu’un certain nombre de personnes ayant vécu une expérience particulière
aient des pistes de réponses à nous transmettre. Alors, qu’en est-il de cette incarnation ? Avons-nous décidé consciemment de (re)venir sur cette terre ? Sommes-nous responsables ou maîtres de
nos destinées en fonction de ce choix ? Qui sont les êtres qui nous entourent ? Quant à nos proches, avec lesquels nous avons des relations si fortes et complexes, les avons-nous choisis, les
connaissons-nous d’avant, pourquoi font-ils le chemin avec nous ? Toutes ces questions tissent un canevas dont nous passons notre vie à tenter de comprendre le sens. Certaines personnes peuvent
témoigner d’expériences étranges qui pourraient nous apporter des éclairages et des pistes de réflexion. Certains médecins aussi, notamment des psychiatres qui ont passé leur vie à collecter des
témoignages et les ont regroupés dans des ouvrages étonnants.
Le début de la vie
Par quoi commence la vie ? Il s’agit de prendre corps dans une matrice et d’être un foetus, conçu par des parents. À ce premier stade de l’existence, se posent déjà de nombreuses questions. Il
semblerait, pour Anne Givaudan et Daniel Meurois, auteurs d’un livre extrêmement étrange sur la rencontre avec une âme au moment où elle se réincarne (Les neuf marches, éd. J’ai Lu), que c’est après une période de somnolence que l’âme arriverait à une telle
décision. En état modifié de conscience, les deux auteurs ont rencontré Rebecca, juste au début de son entrée dans le corps d’un foetus. La décision serait comme une évidence, guidée par des
expériences à continuer : « Il y a d’étranges choses qui se sont réveillées au fond de moi… De vagues
souvenirs, des désirs dont j’ignorais même qu’ils puissent encore exister. Ce sont eux maintenant qui me forcent à redescendre et je sens que ma volonté n’y peut plus rien parce qu’il y a des
parties de mon être qui ressemblent à des coupes n’ayant pas encore été remplies… ou trop peu », raconte Rebecca. Au début de l’incarnation, l’âme ferait des allers-retours entre
l’au-delà et son nouveau corps. Le Pr Michael Newton, célèbre pour avoir consacré 40 ans de sa vie à recevoir des patients en régression hypnotique, a écrit de nombreux ouvrages comprenant des
milliers de témoignages. Les personnes qu’il accompagnait relatent ainsi leurs souvenirs de vies antérieures et de périodes de transition dans l’au-delà. Selon lui, outre leur retour, les âmes
choisiraient aussi certaines attributions leur permettant d’évoluer : « Tandis que les âmes acceptent
volontairement des affectations karmiques dans la salle de sélection d’une vie avant la prochaine vie, il y a toujours possibilité de choisir en exerçant son libre arbitre et même de changer le
cours des événements à venir », explique-t-il dans son ouvrage de référence Mémoires
de l’au-delà. Cependant, l’âme doit également s’adapter au corps et à l’esprit qu’elle incarne. Elle doit ensuite faire avec : « Le caractère immortel d’une âme peut aller à l’encontre du cerveau et du tempérament de l’hôte humain »,
précise-t-il. Il faut alors faire des ajustements et apprendre tout au long de sa vie, notamment pour réussir les missions pour lesquelles l’âme est (re)venue.
La réincarnation
Les professeurs Stevenson et Tucker, deux chercheurs psychiatres, ont passé leur vie à enquêter sur les enfants ayant des souvenirs de leurs vies précédentes. Ils ont cumulé des centaines de
témoignages, en Asie où le phénomène est plus culturellement familier, mais aussi en Occident. Certains sont stupéfiants, comme celui de Patrick, dont le corps porte des marques de blessures
appartenant à l’enfant qu’il aurait été précédemment. Plus proche de nous, Elijah Ary, un Canadien âgé aujourd’hui d’une quarantaine d’années, a été reconnu tulkou, soit la réincarnation d’un
maître tibétain ayant vécu au siècle dernier. Il raconte : « J’ai eu des souvenirs quand j’étais
petit sous forme de rêves de personnes, de lieux et de noms, ou de textes. Je connaissais le soutra du coeur de mémoire sans l’avoir lu. Petit, j’utilisais des mots tibétains dans mon langage
courant. Plus tard, quand je suis allé au Tibet au monastère de mon prédécesseur, je vivais quelque chose, mais c’était du “déjà vécu”, je me souvenais des sensations… C’était très
étrange. » Devenu à son tour enseignant du bouddhisme, il explique que, pour lui, c’est un continuum de conscience qui se réincarne. Le point de vue bouddhiste est cependant
clair : il n’est pas souhaitable de se réincarner, puisque le but est de s’éveiller et de se libérer des réincarnations successives. Cependant, au cours des vies, nous aurions la possibilité
d’évoluer et d’améliorer notre sagesse. Mais alors, qu’en est-il du choix conscient de se réincarner ? Elijah explique : « Nous avons tous les capacités de le faire, mais ce qui va manquer, c’est la qualité de conscience dans le moment de
transition de la mort. Si, dans le bardo [étape entre les vies, NDLR], on a des expériences qui peuvent nous faire peur, on va renaître sous une forme particulière à travers la peur. Si on
arrive à rester paisible, si on a la clarté de l’esprit, on n’est plus sous l’influence de la peur. Alors on peut choisir de voir cela comme un jeu de l’esprit et on ne va plus renaître. Quelque
part, c’est comme si on choisissait. Car nous pouvons faire l’expérience de l’Éveil à ce moment-là. D’où l’importance de l’entraînement à la méditation et au calme mental durant la
vie. » Ainsi, ce qui distinguerait les tulkous, c’est justement qu’ils sont censés avoir atteint un certain niveau d’élévation spirituelle leur permettant de choisir de se
réincarner et les circonstances (lieu, parents, époque, etc.) de cette nouvelle incarnation. Leur retour dans le samsara (le cycle des renaissances) a pour but d’accomplir le plus grand bien pour tous les êtres.
Le choix de revenir lors d’une EMI
Certaines personnes racontent avoir fait une expérience de mort imminente, sujet qui, depuis quelques années, commence à intéresser les médias. Nombre d’entre elles décrivent une rencontre avec
un proche décédé, ou des guides qui les accueillent pendant ce laps de temps, entre la vie et la mort. Souvent, on leur explique que leur heure n’est pas venue et on leur propose de revenir à la
vie, on leur donne le choix. Anita Moorjani a vécu une expérience de mort imminente, lors d’un coma en phase terminale d’un cancer. Son retour miracle a rendu célèbre son témoignage de son voyage
extraordinaire. Elle raconte son histoire dans un livre très touchant Diagnostic incurable mais
revenue guérie (éd. Guy Trédaniel). Lorsqu’elle était « décédée », elle a rencontré son père et a ressenti l’amour incommensurable de l’univers. Elle a alors décidé de revenir,
en sachant qu’elle guérirait : « Je compris que mon corps n’était qu’un reflet de mon état intérieur.
Si mon moi intérieur était conscient de sa grandeur et de son lien avec Tout-ce-qui-est, mon corps le refléterait et guérirait rapidement. Même si le choix était toujours entre mes mains, je
discernais également autre chose. Il me semblait que j’avais encore une sorte de mission à remplir… », écrit-elle. Encore l’idée que quelque chose reste à accomplir. Que nous
serions venus pour des raisons précises et qu’il y a un temps où ce n’est pas terminé, où nous devons persévérer. Alexis Ambre, une femme ayant fait une EMI de laquelle elle est revenue médium,
raconte : « On revient parce qu’on n’a pas fini, même si on n’est pas obligé d’aller jusqu’au bout.
Mais l’esprit respecte la parole qu’il s’est donnée à lui-même… » Elle témoigne aussi de ce qu’elle a appris pendant sa sortie de corps.
Nous choisirions nos parents afin d’accomplir des missions précises, ou encore de ressentir des émotions ou de traverser des épreuves nous permettant ensuite de faire ce que nous aurions décidé
avant de nous incarner. Pour elle, le but serait d’accumuler des expériences et de faire grandir notre âme. Alexis aurait choisi une mère qui ne l’aimait pas, afin de permettre à son père de
s’occuper d’elle et de réparer une vie antérieure où il l’aurait délaissée. Nous serions comme des acteurs venus jouer une pièce, mais en oubliant, au moment de la naissance, tout ce que nous
avons à jouer. « Au fur et à mesure des incarnations, l’esprit, évoluant dans la connaissance de la
matière, deviendra plus conscient de son rôle, plus sage face aux épreuves », lui aurait expliqué son guide. Le docteur et psychiatre Brian L. Weiss a suivi une patiente qui a
changé son regard sur le soin et la raison de notre venue sur terre. En état de régression hypnotique, Catherine lui a révélé une information qui pourrait expliquer l’incarnation et le besoin
d’avoir un corps pour vivre ce champ expérientiel. Elle explique : « Il y a différents degrés de
connaissance et certains ne peuvent s’acquérir que dans la chair. Nous devons connaître la douleur. Dans le monde spirituel, il n’y a que le bonheur et le sentiment de bien-être. Et la période de
régénération. Les relations entre les gens sur le plan spirituel sont différentes de celles qui existent sur le plan physique. Il faut que nous fassions l’expérience de ce plan »
(De nombreuses vies, de nombreux maîtres, éd. J’ai lu).
Les guides et les proches
Pour accomplir notre mission, nous serions accompagnés par des guides. Qu’ils soient d’anciens esprits incarnés, des proches ou des esprits n’ayant pas connu l’incarnation, nous ne serions jamais
seuls. Ni avant de venir sur terre, ni pendant notre vie, ni après notre départ. Les médiums ont accès à ces guides, les leurs en particulier, les défunts, mais aussi les guides des personnes
venant les consulter. « Je me suis rendu compte qu’il y avait des guides, parce qu’ils parlaient
différemment des défunts de mes consultants, ils avaient d’autres types de messages à faire passer », raconte Marylène Coulombe, médium. Les êtres qui nous entoureraient depuis
l’au-delà, comme les êtres qui nous accompagnent, avec lesquels nous avons des affinités ou des liens familiaux, sont des âmes avec lesquelles nous serions connectés. La médium Claire Thomas
témoigne : « Il y a différents types de relations entre les êtres : les relations karmiques, où on se
croise de vie en vie et on a des choses à faire ensemble. On a ensuite les neuf familles d’âmes, avec des sous-groupes. Ensuite, il y a les flammes jumelles : ce sont des personnes qui viennent
du même esprit. Enfin, la bashert qui vient de la même graine, cet atome qui était une unité et qui à un moment s’est divisé en deux. » Marie-Lise Labonté a également écrit un
ouvrage sur ce thème, décrivant des types d’âmes venues remplir des missions spécifiques sur terre. Nous appartiendrions à une catégorie qui influencerait notre manière d’agir, nos affinités
professionnelles, notre mission d’âme, chaque famille d’âme possédant sa propre identité vibratoire et sa vocation à servir la « source d’amour » dont elle viendrait.
Être soi et accepter
S’il est vrai que nous choisissons notre vie, le rôle à y tenir ainsi que nos partenaires, et si tous nos proches, nos guides
et nos défunts sont finalement « des partenaires de jeu », alors nous pouvons accepter ce qui nous arrive avec un regard plus tolérant. Nous pouvons essayer de tirer de nos expériences, même
douloureuses, l’idée que ce sont des étapes pour avancer, pour faire mûrir notre âme. Si nous ne nous souvenons pas de notre « mission », c’est parce qu’elle ne serait plus valide si nous avions
toutes les cartes en main. « Accepter que ce qui nous arrive, on l’a décidé. L’objectif sur cette
terre, c’est d’expérimenter l’amour inconditionnel, la paix, la joie, et c’est d’être maître de soi. C’est ce que nous a appris Bouddha : se libérer de toutes ces illusions pour qu’on en soit
maître et agir en conscience. Prendre conscience, c’est devenir de plus en plus maître de soi », précise Claire Thomas. Lorsqu’elle revient à elle après son expérience de mort
imminente, Anita Moorjani a un message, source d’apaisement, à transmettre : « Je compris que le
simple fait d’exister me rendait digne de cette tendre sollicitude plutôt que des jugements. Je n’avais rien à faire de spécial. Je méritais d’être aimée du simple fait
d’exister. »
Voilà de quoi relâcher la pression…
Auteure : Mélanie CHEREAU
Article magazine "Inexploré" n° 43