Extrait du livre :

LA PREUVE DU PARADIS

Dr EBEN ALEXANDER

 

 

 

7. La Mélodie tournoyante et le Passage

 

 

 

Quelque chose était apparu dans l'obscurité. Tournant lentement, cela irradiait de fins filaments d'une lumière blanche et dorée, et peu à peu l'obscurité autour de moi a commencé à se fendre et se disperser. Alors, j'ai entendu un autre son : un son vivant, comme la pièce de musique la plus riche, la plus complexe, la plus belle qu'on ait jamais entendue. Gagnant en intensité alors que la pure lumière blanche descendait, il s'est surimposé au battement mécanique et monotone qui, depuis des éons semblait-il, avait été mon unique compagnie jusqu'alors.

 

La lumière s'est approchée encore et encore, tournoyant sur elle-même et générant ces filaments de pure lumière blanche, dont je voyais à présent qu'ils étaient teintés, ici et là, de pointes d'or. Puis, au centre même de cette lumière, une autre chose est apparue. J'ai concentré toute mon attention, essayant de comprendre de quoi il s'agissait. Une ouverture. Je n'étais plus du tout en train de regarder la lumière qui tournoyait doucement, je regardais à travers elle.

 

Au moment même où j'ai compris cela, j'ai commencé à m'élever. Rapidement. J'ai entendu un souffle, et en un flash je suis passé par cette ouverture et je me suis retrouvé dans un monde entièrement nouveau. Le monde le plus étrange et le plus beau que je n'avais jamais vu.

 

Brillant, vibrant, extatique, stupéfiant... Je pourrais aligner les adjectifs les uns après les autres pour décrire ce à quoi ce monde ressemblait et ce qu'on y éprouvait, mais aucun n'y parviendrait. J'avais l'impression que je venais de naître. Je n'étais pas re-né ou né de nouveau. Seulement... né.

 

Au-dessous de moi se trouvait un paysage de campagne. C'était vert, luxuriant et terrestre. C'était la terre... mais en même temps ce n'était pas elle. Comme lorsque vos parents vous ramènent à un endroit où vous avez vécu plusieurs années quand vous étiez enfant. Vous ne reconnaissez pas l'endroit. Ou, en tout cas, vous pensez ne pas le reconnaître. Mais en regardant autour de vous, quelque chose vous attire et vous comprenez qu’une part de vous-même – une part très profonde – se souvient en effet de cet endroit et se réjouit de s'y retrouver.

 

Je volais, je passais au-dessus des arbres et des champs, des ruisseaux et des chutes d'eau, et ici et là, des groupes de personnes. Il y avait aussi des enfants qui riaient et jouaient. Ces gens chantaient et dansaient en cercles, et parfois je voyais un chien qui courait et sautait parmi eux, tout aussi joyeux. Ils portaient des vêtements simples mais magnifiques, et il me semblait que les couleurs de ces vêtements contenaient le même type de chaleur vivante que les arbres et les fleurs qui prospéraient et s'épanouissaient dans la campagne autour d'eux.

 

Un monde de rêve incroyable et merveilleux... Sauf que ce n'était pas un rêve. Bien que je ne savais pas où j'étais ni même ce que j'étais, j'étais absolument sûr d'une chose : cet endroit dans lequel je me trouvais tout à coup était totalement réel. Le mot réel exprime quelque chose d'abstrait et il est désespérément impropre à transmettre ce que j'essaie de décrire. Imaginez que vous êtes un enfant qui se rend au cinéma un jour d'été. Le film était peut-être bon et vous avez apprécié de rester assis à le regarder. Mais une fois terminé, vous quittez le cinéma pour retrouver la chaleur profonde, vibrante, accueillante de l'après-midi d'été. Et alors que l'air et les rayons du soleil vous caressent, vous vous demandez bien pourquoi vous avez gâché cette superbe journée dans un cinéma obscur. Multipliez ce sentiment par mille et vous serez toujours bien loin de ce que je ressentais là où j'étais.

 

Je ne sais pas combien de temps exactement j'ai passé à voler. (Le temps dans cet endroit était différent du temps linéaire que nous connaissons sur terre et il est aussi désespérément difficile à décrire que tous les autres aspects.) Mais à un certain stade, j'ai compris que je n'étais pas seul là-haut.

 

Quelqu'un était à côté de moi : une belle jeune femme avec des pommettes hautes et les yeux d'un bleu profond. Elle portait le même type de vêtement de fermiers que les gens du village d'en dessous. Des tresses mordorées encadraient son joli visage. Nous volions tous deux, posés sur une surface aux motifs intriqués, vivante et pleine de couleurs indescriptibles et éclatantes – l'aile d'un papillon. En fait, des millions de papillons étaient autour de nous – de grandes vagues ondulantes de papillons plongeant dans la verdure et revenant voleter auprès de nous. Ce n'était pas un seul papillon distinct qui était apparu, mais tous ensemble en même temps, comme s'ils formaient une rivière de vie et de couleur en se déplaçant dans l'air. Nous volions en formation libre au-dessus des fleurs et des bourgeons chatoyants sur les arbres, qui s'ouvraient alors que nous passions près d'eux.

 

Les vêtements de la jeune femme étaient simples, mais leurs couleurs – bleu pastel, indigo, orange-pêche pastel – avaient le même caractère étonnamment vivant et vibrant que tout ce qui se trouvait là. Elle a posé sur moi un regard qui, si on le regardait quelques instants, justifiait à lui seul d'avoir vécu jusque-là, quoi qu'il se soit passé dans sa vie. Ce n'était pas un regard romantique. Ce n'était pas un regard d'amitié. Ce regard était en quelque sorte au-delà de tout ceci... au-delà de tous les différents types d'amour que nous avons ici sur terre. C'était quelque chose de plus élevé, qui contenait en lui toutes ces autres sortes d'amour et qui en même temps était plus authentique et plus pur qu'elles.

 

Sans utiliser aucun mot, elle m'a parlé. Le message m'a traversé comme le vent et j'ai immédiatement compris que c'était authentique. Je le savais tout comme je savais que le monde autour de nous était réel – qu'il n'était pas un fantasme, évanescent et sans substance.

 

Le message avait trois parties et si je devais les traduire en langage terrestre, je dirais quelque chose comme ceci : « Tu es aimé et chéri, totalement, pour toujours. Il n'y a rien dont tu doives avoir peur. Il n'y a rien que tu puisses faire mal. » Le message coulait en moi accompagné d'une immense et folle sensation de soulagement. C'était comme si on me donnait les règles d'un jeu auquel j'avais joué toute ma vie sans jamais pleinement le comprendre.

 

« Nous te montrerons beaucoup de choses, ici », a dit la jeune femme – de nouveau, sans réellement utiliser ces mots, mais en transmettant leur essence conceptuelle directement en moi. « Mais finalement, tu retourneras. »

 

 

À cela, je n'avais qu'une question. Retourner où ? Rappelez-vous qui écrit ces lignes en ce moment. Je ne suis pas un sentimentaliste crédule. Je sais à quoi ressemble la mort. Je sais ce que c'est de voir une personne vivante, avec qui vous avez parlé et plaisanté lors de jours meilleurs, devenir un objet sans vie sur une table d'opération après que vous avez lutté pendant des heures pour que la machine corporelle continue à fonctionner. Je sais à quoi ressemblent la souffrance et la douleur sur les visages déconcertés des proches qui ont perdu quelqu'un qu'ils n'avaient jamais imaginé perdre. Je connais la biologie et, bien que je ne sois pas physicien, j'en connais également un peu dans ce domaine. Je sais faire la différence entre le fantasme et la réalité, et je sais que l'expérience dont je tente péniblement de vous donner une image vague et totalement insatisfaisante était l'expérience la plus réelle de ma vie. En fait, la seule autre expérience avec laquelle je pourrais la comparer dans le secteur de la réalité était celle qui est venue ensuite. (...)